Jordan Officer – Jordan Officer

Sorti le 19 avril 2010

Depuis le temps qu’on suit de près la carrière de Jordan Officer, soit plus de 10 ans déjà, on n’a jamais pris le temps d’écouter avec attention son tout premier album solo, homonyme. À l’époque, il ne s’était pas encore risqué à chanter et n’avait pas encore pleinement assumé son désir d’aller vers le blues, ce qu’il a fait avec brio quelques années plus tard avec I’m Free, qui garde une place toute particulière dans notre cœur. C’est donc un plongeon jusqu’en 2010 qu’on fait ici.

Jordan Officer a longtemps été associé au jazz, particulièrement à la chanteuse Susie Arioli, et il jouait toujours avec elle à l’époque de la sortie de ce premier album qui est surtout l’occasion de montrer ce qu’il a dans le ventre à la guitare, son instrument de prédilection. L’opus ouvre avec Beaumont, ouvrant sur une performance en solo à laquelle s’ajoutent les autres musiciens après un peu plus d’une minute. C’est une pièce sympathique où le jeu d’Officer est bien mis de l’avant, mais ça ne soulève pas nécessairement les passions comme il sait le faire. Stay with Me ne fait pas meilleure figure alors que la guitare s’y trouve presque seule pendant toute sa durée. En revanche, on entend quelques voix dans Donny (mais pas de paroles), qui ajoutent juste le petit quelque chose qui manquait pour se laisser davantage porter par la musique, par ailleurs plutôt efficace.

Burnley Moods y va d’un morceau doux parfait pour la guitare feutrée de Jordan Officer. Il n’aurait manqué que des paroles chantées par une voix à la Jill Barber par exemple et on aurait droit à un coup de circuit ici. Et comme on adore particulièrement l’énergie blues de l’artiste, on ne peut s’empêcher de savourer l’efficace simplicité de son Rebel Blues, quoi que la dernière minute pousse un peu plus la note que nécessaire à notre avis. Small Four est quant à elle plutôt brève, mais très chargée.

Après une Hope Song malheureusement peu enlevante, on a droit à l’efficace (mais trop brève!) Mama’s Blues. Sophisticated Lady peine à se démarquer, mais la bluesy Pres saute rapidement aux oreilles avec son énergie rock qui tranche avec le reste de l’ambiance de l’opus. To Cold Water est, de son côté, un peu plus lente et lourde, mais tout aussi réussie. Jordan Officer fait toutefois le choix de conclure son album avec Love Song, un morceau où il joue en solo sans parvenir à nous convaincre malgré son immense talent.

Cela peut paraître ingrat de replonger dans un album datant d’il y a 14 ans alors que l’artiste a sensiblement changé son approche musicale depuis, mais cela nous permet de voir d’où il est parti en solo. Avec Jordan Officer, on ne le sent pas encore assez assuré pour être le «leading man», lui qui a toujours été un accompagnateur par le passé, mais les ingrédients ne sont pas très loin, lui qui a consacré une part importante au blues pour cet album, 4 ans avant qu’il s’assume pleinement avec I’m Free.

À écouter : Donny, Burnley Moods, To Cold Water

7,2/10

Par Olivier Dénommée


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