Elle veille encore – Rosier

Sorti le 8 novembre 2024

Voilà un moment qu’on n’a pas écouté la musique du groupe Rosier – en fait, la dernière fois, il s’appelait encore Les Poules à Colin –, mais la sortie de l’album Elle veille encore (stylisé en minuscule seulement, de même que l’ensemble des titres des chansons, d’ailleurs) nous donne un prétexte pour nous mettre à jour sur la proposition du quintette mêlant fièrement la tradition folklorique et la musique indie actuelle.

Elle veille encore est décrit comme le 2e album de Rosier, mais c’est comme nier tout ce qui a été enregistré à l’époque des Poules à Colin, même si on doit reconnaître qu’on est vraiment ailleurs par rapport à ce qu’on a déjà entendu, misant sur une musique beaucoup plus moderne. Cet album est quand même «une ode à la mère, un poème doux-amer qui médite sur l’esprit maternel», un thème plutôt universel dans le folklore, amené de façon assez personnelle par Rosier.

L’opus ouvre sur Si tu veux ta mère, bref morceau introductif aérien à souhait, menant à une N’as-tu jamais vu d’oiseaux? aussi plutôt enlevante. Si l’univers des chansons et peut-être le choix de certains mots sont plutôt folk, l’exécution passe davantage du côté dream pop. Cela donne un mélange assez audacieux, que l’on est loin de détester. C’est d’autant plus vrai pour J’ai fait un rêve, qui met le piano comme instrument central, avec un crescendo très efficace tout au fil de la chanson.

Après une série de chansons très réussies, la brève R.E.M offre quelque chose de plus dissonant, que l’on risque d’oublier assez vite. On se reprend toutefois avec La punition, chanson plus pop mais aussi plutôt lourde et tendue. Sainte Adèle suit avec quelque chose de beaucoup plus éthéré, puis Other Forms, seul titre en anglais ici, allège quelque peu le tout avec une indie-pop sympathique à la voix feutrée.

La véritable chanson incontournable de l’album est sans contredit Berceuse (elle veille encore). Non seulement la composition est très belle en elle-même, ses arrangements sont à donner des frissons, notamment grâce au coup de main de Mathieu David Gagnon (de Flore Laurentienne), qui a amené des arrangements riches en émotions. Dur de faire mieux après une telle chanson, alors on conclut l’album avec la minimaliste Fais ta prière. Ce n’est pas la chanson la plus puissante, mais elle permet au moins à l’auditeur de se déposer et de vivre son propre moment d’introspection.

La dernière fois qu’on avait critiqué un album de Rosier, on avait mentionné qu’il était un peu long. Ici, c’est tout le contraire, avec une sortie d’à peine 23 minutes malgré ses 9 pistes! On apprécie beaucoup la direction qu’a pris le groupe avec cet album, gardant un subtil lien avec ses racines trad tout en assumant une musique moderne inspirée. Le seul petit bémol qu’on peut lui trouver, c’est que le groupe a réussi à inclure du fla-fla dans un album déjà très court, alors qu’il aurait pu s’assumer davantage et donner un peu plus d’amour à Si tu veux ta mère ou même à R.E.M même si cette dernière vient moins nous chercher que le reste. On s’attend à ce que l’album Elle veille encore reçoive quelques nominations dans la prochaine année, mais on a bien hâte de savoir dans quelles catégories comme il semble défier les genres préétablis.

L’album est disponible sur la page Bandcamp du groupe.

À écouter : J’ai fait un rêve, Sainte Adèle, Berceuse (elle veille encore)

7,9/10

Par Olivier Dénommée


En savoir plus sur Critique de salon

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.