
Sorti le 25 novembre 2022
Comme on a beaucoup apprécié son premier effort en solo, Reflection I, il était évident qu’on allait éventuellement écouter le 2e opus du pianiste de Québec Louis-Étienne Santais (un nom associé aux projets Ghostly Kisses et Fjord), l’album (De)construction paru en 2022. Le musicien va même un peu plus loin avec cet album, jouant sur certaines pistes avec une énergie plus électronique qu’organique.
Dans le thème du titre de l’album, celui-ci ouvre avec (In)carnation. L’énergie y est particulière (mais de manière positive), offrant un hybride très réussi entre une musique organique et celle plus électronique. C’est un cas où vous êtes mieux de l’écouter par vous-mêmes pour comprendre de quoi il en retourne! La suivante est beaucoup plus familière : il s’agit d’une reprise d’Enjoy the Silence de Depeche Mode, ré-imaginée avec une extrême douceur. Le fait que ce soit une chanson connue lui confère déjà une dose de nostalgie, accentuée ici par l’interprétation impeccable de Santais.
Comme son nom l’indique, Floating propose quelque chose d’un peu plus aérien, mais aussi de plus chargé au niveau des arrangements. Les sonorités électroniques sont aussi plus assumées, sans être intrusives. Au contraire, Kawa no Kami va à fond dans une musique émotive, gracieuseté du violon qui vole la vedette. Il existe par ailleurs un enregistrement live de cette pièce où c’est Margaux Sauvé, la chanteuse de Ghostly Kisses elle-même, qui joue cet instrument, ajoutant à la beauté de l’interprétation entre 2 complices de longue date.
Jusqu’à présent, l’album est très solide, mais Bicycle est la première qui nous paraît plus faible. Sans être mauvaise, elle n’arrive pas à nous susciter autant d’émotions que les précédentes pistes. Commentaire similaire pour Crystalline, quoique dans celle-ci on sent un peu plus la ligne directrice de la composition, et la mélodie se démarque davantage après la barre de 1min20, donnant tout son sens à la piste. Elle est suivie d’une Dolores plus «conventionnelle» dans son traitement, ressemblant à une pièce qu’aurait pu composer Alexandra Stréliski.
Espace crée un morceau feutré empreint de mystère, où le silence fait partie intégrante de la composition. L’album (De)construction se conclut sur Claire, pièce lente et émotive très réussie, presque épique dans son build-up malgré sa relative douceur. Si on se montre souvent critique des finales d’albums qui manquent de mordant, ce n’est pas du tout le cas ici.
(De)construction est un autre solide album de Louis-Étienne Santais, qui a fait ses preuves plus d’une fois par le passé dans ses différents projets. On doit quand même souligner qu’on a trouvé la 2e moitié de l’opus un peu moins enlevante que son début, à l’exception de Claire à la toute fin, mais il n’y a heureusement rien qui nous incite à sauter une piste, ce qui est un assez bon point. On se souhaite un autre album de Santais plus tôt que tard (pourquoi pas en 2025?), et on lui souhaite autant, sinon plus d’inspiration que pour cet album-ci, qui est déjà sur une très bonne voie.
À écouter : (In)carnation, Enjoy the Silence, Kawa no Kami
8,0/10
Par Olivier Dénommée
En savoir plus sur Critique de salon
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.