
Sorti le 31 janvier 2025
La musicienne et actrice québécoise Viviane Audet n’aura pas trop attendu après son album Les nuits avancent comme des camions blindés sur les filles avant de revenir avec une nouvelle proposition. Le piano et le torrent revient à ses premières amours en musique : le piano néoclassique, proposant des pièces instrumentales toutes simples, avec comme thème le village où elle a grandi, Maria (en Gaspésie).
Si son précédent album était plus confrontant dans ses thèmes (le titre était déjà plutôt évocateur), Audet revient avec ce 3e album solo à une musique intimiste où on peut se laisser guider par nos émotions et interpréter les choses chacun à notre façon, ce qui est une des forces de ce courant musical. Elle nous convie ici à un petit voyage dans sa propre enfance d’une durée de 43 minutes, mais qui passe toujours trop vite.
C’est avec une extrême douceur que Le jour craque nous accueille, alors que Viviane Audet semble presque appuyer timidement sur certaines touches. Ce côté très discret permet justement d’entendre tous les petits craquements, qui ajoutent à leur façon quelque chose à cette musique qui s’achève trop vite. Cela nous mène à une Barlicoco un peu plus assumée et empreinte d’un certain mystère. Malgré son titre, La mer est folle est loin d’être trop intense, bien qu’on parvient assez facilement à s’imaginer les vagues!
La marche se poursuit avec La nuit l’été le p’tit bois, nous faisant sentir chacun des pas, puis avec Les galeries, une petite valse restant instantanément en tête avec ses mélodies et son sens du rythme. C’est aussi de loin la piste la plus longue de l’album, ce qui lui permet de pleinement se développer par rapport aux autres. Ça a aussi le défaut de nous faire sentir qu’il manque quelque chose aux suivantes (Rue des Loriots, Le Goéland), malgré une musique toujours belle. Le côté mystérieux de Balle au mur vaut toutefois le détour!
S’ensuit Le torrent qui, une fois de plus, n’a pas tout à fait la même approche musicale que ce que laisse présager le titre, bien qu’on sent un certain désir de se laisser aller qui n’est jamais vraiment assumé par la pianiste. Ajoutons que la portion finale de la pièce est aussi la plus réussie. Elle est suivie de l’excellente Dolo. Dur d’expliquer pourquoi elle est aussi efficace, mais elle est vite devenue parmi nos préférées de tout l’album, possiblement grâce à ses mélodies simples, mais assumées. Plus le silence est grand, plus je t’entends a un peu le même effet, en misant cette fois sur un «lent» build-up (la pièce ne dure quand même que 2min20). Et, au contraire, Le tendre (route Droken) mise sur une grande simplicité, tout aussi efficace.
Some Squall continue la chaîne d’excellentes pièces, avec l’exception de la dernière minute, qui change passablement d’énergie pour quelque chose d’un peu moins efficace! On se laisse ensuite bercer au son de Maria et, enfin, par celui de la poétique finale, Et si un jour tu reviens, les oiseaux te feront un passage. Cette dernière est particulièrement enlevante, mais a le défaut de ne pas durer assez longtemps – on aurait vraiment préféré allonger cette pièce en particulier, qui avait le potentiel d’aller encore plus loin selon nous.
C’est certain que Viviane Audet coche toutes les bonnes cases en nous livrant cet album de piano instrumental, et on n’a vraiment pas boudé notre plaisir en écoutant abondamment Le piano et le torrent pendant 24h, sans parvenir à se lasser. C’est donc un très bon signe d’un album intemporel et intimiste, qui pourra nous accompagner dès qu’on aura envie d’écouter quelque chose d’un peu plus introspectif. Avec une telle sortie, l’artiste n’a décidément rien à envier aux autres grands noms du registre.
Notons que si l’album est entièrement instrumental, Viviane Audet propose un texte poétique pour accompagner notre écoute, où on peut retrouver les différents titres, parsemés à travers cette balade musicale à Maria. Le texte est trop long pour être reproduit dans cette critique, mais vous pouvez le retrouver sur le site de l’artiste. Et si la lecture du texte n’est nullement obligatoire pour apprécier ce que Le piano et le torrent a à offrir, ça reste pertinent pour nous aider à nous mettre (un peu) dans la tête de la pianiste.
L’album est aussi disponible sur Bandcamp.
À écouter : Les galeries, Dolo, Plus le silence est grand, plus je t’entends
8,4/10
Par Olivier Dénommée
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