
Sorti le 6 février 2025
Cela fait déjà tout près de 6 ans que le projet Ponteix du Fransaskois Mario Lepage a lancé son premier album Bastion, mais le voilà qui s’est laissé porter jusqu’à Montréal pour son 2e long jeu, intitulé Le Canadien errant. Une fois de plus associé avec Louis-Jean Cormier (coréalisation), cet album se veut plus personnel et explore «le contraste entre le no man’s land culturel dans lequel il réside et l’héritage québécois qui fait aussi partie intégrante de son identité francophone».
Le Canadien errant est ainsi un album-concept de 12 pistes invitant l’auditeur dans le «cœur de l’âme franco-canadienne», une réalité que Mario Lepage ne connaît que trop bien. Et, musicalement, on entend que son évolution s’est poursuivie depuis Bastion, ce qui est rassurant tenant compte du délais depuis sa dernière sortie!
On a droit à un Prélude en début d’album, où on entend un groupe d’enfants crier en chœur le titre de l’album, puis un segment plus atmosphérique, menant subtilement à la chanson-titre Le Canadien errant. Il verse dans un rock lourd chargé d’éléments électroniques, ajoutant du poids aux propos du chanteur. On avait déjà souligné précédemment certaines similitudes avec la voix (et même la poésie) de Daniel Bélanger et c’est toujours aussi vrai ici, ce qui n’est pas pour déplaire. Cette observation est d’autant plus vraie dans la suivante, Le bonheur.
L’album contient aussi quelques collaborations, à commencer par Laurence-Anne sur Partir pour revenir, bien qu’on trouve le talent de la chanteuse sous-utilisé ici. La suivante, la brève Depuis le continent européen, nous surprend avec une narration de Sophie Faucher, ultime voix féminine quand on veut rendre tout épique. S’ensuit la bilingue The Way It Is, un des morceaux les mieux construits de tout l’album, avec des arrangements solides (et non répétitifs) du début à la fin.
Le build-up de La ville n’est pas désagréable du tout, menant ensuite à L’air caniculaire, une fois de plus narré par Sophie Faucher. Le feeling suit avec une autre collaboration, cette fois avec Marco Ema. Commençant de façon plutôt ludique, la seconde moitié devient plus surprenante avec plusieurs éléments très réussis. Mais, une fois de plus, on ne sent pas que Marco Ema prend beaucoup de place. En revanche, on croit sentir davantage la présence de Louis-Jean Cormier dans St. Denis, ajoutant à la montée plutôt efficace entendue tout au long de la piste. On a droit à une dernière narration avec Poussière d’étoile, puis à la finale de l’opus, la planante Ici-bas, concluant avec force et assurance un album qui ne manquait déjà pas de moments solides.
À cause des pistes très courtes qui parsèment l’album, celui-ci ne dure que 34 minutes pour 12 pistes. On fait donc le tour assez vite de Le Canadien errant, mais cela nous permet d’apprécier la cohésion de l’opus qui ne contient que somme toute peu de moments faibles. Ponteix s’est une fois de plus bien entouré et ça s’entend dans la qualité du rendu. On aurait simplement mis moins d’interludes et plus de vraies chansons pour prolonger notre expérience, mais ça serait se plaindre la bouche pleine, n’est-ce pas? Quoi qu’il en soit, c’est une sortie intéressante, offrant une perspective qu’on n’entend pas très souvent du côté du Québec avec, en prime, une musique assez bien ficelée. Si la prémisse vous parle, une bonne écoute s’impose.
À écouter : The Way It Is, St. Denis, Ici-bas
7,9/10
Par Olivier Dénommée
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