Sorti le 21 février 2025

Le nom de la pianiste jazz Ariane Racicot commence à se faire connaître, notamment depuis son premier album en 2022 et grâce au titre de Révélation Radio-Canada 2022-2023. Cela l’amène à la sortie d’un second album, Danser avec le feu, contenant 8 nouvelles compositions montrant à la fois la passion et la virtuosité de Racicot et de ses musiciens.

Ariane Racicot est résolument une artiste moderne qui n’hésite pas à brouiller les limites entre les genres. Son jazz fusion bifurque à plusieurs moments vers la musique latine et certains passages s’approchent même du métal, en passant par le classique et le rock progressif : tout un contrat! Elle est accompagnée ici du bassiste Antoine Rochefort et du batteur Guillaume Picard.

Les premiers instants d’Avant la tempête, pièce introductive de l’album, sont extrêmement ambiants, avant que le piano de Racicot ne prenne la place. La pièce n’est pas courte – elle frôle les 7 minutes –, ce qui lui permet de vraiment mettre à profit un long build-up pendant les premières 2min30 environ avant que la tempête n’arrive réellement. Cette section est beaucoup plus technique, avec un piano très tendu et une batterie nerveuse, puis, vers 5min30 on arrive à un passage plus lourd. On préfère personnellement le début de la pièce, mais les amateurs d’un jazz plus corsé sauront s’y retrouver dans les différentes ambiances créées par Ariane Racicot et ses musiciens.

Going for a Walk propose ensuite quelque chose de très groovy, avec une énergie latine plutôt réussie. Elle est suivie de la chanson-titre (quoique traduite en anglais) Dancing with Fire. Sans surprise, le thème du feu et de la danse permet de créer des passages très intenses au fil de la proposition et le trio parvient à naviguer avec précision dans un apparent chaos musical. C’est impressionnant sur album et on ne peut qu’imaginer à quel point ça doit être épique en spectacle si c’est recréé avec la même fougue! Mentionnons seulement le fait que la pièce semble se terminer à 5min30 avant de reprendre dans une autre énergie pour le restant de la piste. Ce n’était pas nécessaire, même si cela aura permis d’ajouter différentes idées musicales à l’ensemble.

Le début de There Is Some Hope laisse place à un long solo de basse (il faut presque attendre 2min45 pour entendre un autre instrument), ce qui pourra en rebuter certains, mais le reste de la pièce de plus de 8 minutes vaut quand même le détour avec plusieurs passages très sentis. S’ensuit la sautillante Chez-moi, puis une Canicules un peu plus lourde, mais pas sans quelques moments plus introspectifs. Par ailleurs, I Have Doubts est de loin la composition la plus minimaliste de l’album, avec simplement un arrangement pour piano du début à la fin, laissant donc toute la place à la pianiste et à son inspiration, ce qui lui sourit plutôt bien ici. L’album se conclut déjà avec Après la tempête, suite logique d’Avant la tempête, avec un bel éventail d’énergies exploitées d’un segment à l’autre. On en vient presque à oublier qu’elle dure 8min47!

Avec Danser avec le feu, Ariane Racicot a réussi son pari de mêler avec brio et assurance tous ces différents styles, sans que ça paraisse forcé. Bon, cela a quand même comme conséquence d’avoir plus souvent qu’autrement des pièces en montagnes russes, avec tantôt des bouts très entraînants, tantôt émotifs, tantôt carrément corsés, mais ça fait aussi partie du charme et de la magie de la pianiste. On se permet tout de même de prédire que c’est une musique qui prendra tout son sens en live, avec la complicité qui promet d’être palpable avec ses musiciens. Amateurs de jazz moderne intelligent, vous devriez y prêter une oreille et voir ce que le projet a à vous offrir!

Il est possible de trouver son album sur sa page Bandcamp.

À écouter : Going for a Walk, I Have Doubts, Après la tempête

7,6/10

Par Olivier Dénommée