
Sorti le 14 mars 2025
L’automne dernier, l’écoute d’un album du groupe Cordâme nous a amené à faire le constat suivant : on n’écoute pas assez souvent de la belle musique avec de la harpe! C’est pourquoi l’annonce de Désert, un album commun entre le pianiste Jean-Michel Blais, que l’on aime suivre depuis plusieurs années déjà, et la harpiste Lara Somogyi nous a convaincu de l’écouter pour constater de quoi les 2 musiciens étaient capables ensemble.
D’entrée de jeu, mentionnons qu’on n’avait jamais entendu le nom de Lara Somogyi auparavant. En lisant sur elle, on apprend que l’Américaine aux racines hongroises est non seulement harpiste, mais aussi une artiste de musique électronique et qu’elle enregistre aussi du matériel en solo. La présence de Jean-Michel Blais nous a toutefois suffi pour nous rassurer et nous donner envie d’écouter cet album qui est, paraît-il, entièrement improvisé. Et, disons-le tout de suite, on est bien heureux d’avoir donné sa chance à Désert!
La synergie s’entend dès les premières secondes d’Aura, première piste de l’album. Même en sachant qu’il s’agit d’une improvisation à deux, on peine à y croire tellement elle semble porter une idée très claire du début à la fin. La pièce n’est évidemment pas complexe, mais sa simplicité laisse toute la place à l’émotion véhiculée. Mentionnons aussi le fait qu’aucun des artistes ne joue une note au-dessus de l’autre : c’est un véritable travail d’équipe, d’égal à égal, et ce sont nos oreilles qui en sortent gagnantes.
La même magie se poursuit à peu près tout au long de cet album de 39 minutes. Certaines permettent à Lara Somogyi de briller un peu plus (particulièrement Révérence), d’autres semblent faites pour Jean-Michel Blais (Escaliers, Ascension), mais on avoue avoir un faible pour Yucca, rêveuse à souhait (elle pourrait se glisser dans la bande sonore de Wingspan qu’on ne s’en rendrait même pas compte!), ou encore l’habile crescendo de Mirage. Mention également à la très belle Monarque, qui a comme seul défaut de ne pas durer assez longtemps! Il demeure toutefois difficile de véritablement choisir des pièces qui surpassent de beaucoup les autres; l’album se défend franchement bien du début à la fin et on ne peut que conseiller de l’écouter d’une traite pour vivre l’expérience au complet.
Selon ce qu’on a pu lire à son sujet, la création de l’album Désert a été inspirée «par le passage de l’aube au crépuscule […] reflétant un voyage de l’illumination à l’obscurité, de la simplicité à la complexité, et des étrangers aux âmes sœurs», le tout, on le répète, de façon improvisée. C’est là toute la beauté de la création commune de Lara Somogyi et Jean-Michel Blais. Il serait ingrat de demander une suite, surtout du même niveau de qualité, mais on se permet de rêver et d’imaginer les possibilités si ces artistes talentueux décident de s’y remettre dans quelques années. En attendant, on est reconnaissant d’avoir eu la chance de découvrir Désert. On ne serait pas surpris que l’album rafle quelques prix et on peut déjà dire qu’ils seront pleinement mérités si c’est le cas!
À écouter : Aura, Yucca, Mirage
8,7/10
Par Olivier Dénommée
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