
Sorti le 14 mars 2025
Si on a parlé à quelques reprises de la musique du groupe montréalais Corridor, on n’avait encore jamais vraiment pris le temps d’écouter les propositions de son frontman, Jonathan Robert, en solo. Celui qui joue sous le nom de Jonathan Personne a fait paraître un 4e album, Nouveau Monde, un peu moins d’un an après la sortie de Mimi de Corridor.
Le processus de création pour Mimi a eu une certaine influence sur celui pour Nouveau Monde : le processus de l’album de Corridor avait été éprouvant et Jonathan Personne a commencé à travailler presque immédiatement après sur son nouvel album avec comme objectif de faire l’opposé, soit de «ne pas se prendre la tête et créer un album un peu éclaté, libre et naïf». Cela donne effectivement un album assez disparate dans ses énergies, notamment parce que les chansons qui s’y trouvent sont des compositions de différentes époques qui ne se sont toutefois jamais retrouvées sur disque pour une raison ou une autre. Le tout, avec un côté «décontracté sans pression et sans attente, autre que celle de retrouver le plaisir simple de faire de la musique».
Cette grande liberté dans la forme se traduit par des chansons souvent très différentes les unes des autres. Il est facile de mettre sa musique dans la grande boîte du registre indie-rock, mais les sous-genres explorés sont extrêmement variés, surtout pour un album de même pas une demi-heure! Dans La vie, la mort, première chanson de l’opus, on apprécie le rock saturé qui parvient, miraculeusement, à contenir une dose de légèreté dans les mélodies. C’est le contraire dans Deuxième vie, une chanson à la base très légère, à laquelle s’ajoute de la grosse distorsion de guitare dans la 2e moitié.
On explore le yacht rock dans Les jours heureux, une des chansons les plus réussies de l’album, notamment grâce au solo de guitare de la 2e moitié, et on a droit à un drôle de sentiment de nostalgie avec la chanson-titre Nouveau monde, grâce aux sonorités enfantines. S’ensuit Nuage noir avec un son très shoegaze, puis Le cerf au côté stoner assumé, par ailleurs plutôt réussi, à part la fin un peu chaotique.
Vision joue entre 2 énergies, avec une musique mystérieuse et empreinte de lourdeur, mais des mélodies planantes, presque spirituelles. Les fin de l’album revient à quelque chose de beaucoup plus doux, avec le folk de Zoé sur la montagne et de Les arbres tombent. Cette dernière conclut assez bien l’opus, malgré l’ajout d’effets superflus rendant le tout plus corsé vers la fin.
Les premières écoutes de Nouveau Monde sont les plus déstabilisantes alors que l’on ne sait jamais dans quelle direction ira Jonathan Personne dans ses chansons. Une fois qu’on s’y fait, on peut apprécier leur côté éclectique tout en gardant une certaine ligne directrice. Pas mal tout le temps à cheval entre 2 énergies, la musique de cet album parvient à nous garder attentif du début à la fin, ce qui est un assez bon coup même si l’album demeure très bref. Bon, certains choix artistiques nous paraissent un peu forcés, comme l’ajout de sons plus corsés dans des chansons autrement très douces, mais l’ensemble se défend quand même plutôt bien et force est d’admettre qu’on a affaire ici à une musique drôlement bien ficelée pour quelque chose de fait sans pression!
Il vous est possible de trouver cet album sur la page Bandcamp de Jonathan Personne.
À écouter : Les jours heureux, Nouveau monde, Vision
7,8/10
Par Olivier Dénommée
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