
Sorti le 21 mars 2025
Si ce n’est pas du tout un secret d’État que les auteurs-compositeurs-interprètes Catherine Major et Jeff Moran forment un couple depuis très longtemps, on se surprend de constater qu’ils s’étaient abstenus jusqu’à tout récemment de véritablement collaborer dans le cadre d’un projet musical commun. On a donc voulu voir comment Major-Moran s’en tirait avec son premier album, au poétique titre Bunker à ciel ouvert.
Individuellement, les 2 ont fait de bien belles choses au fil de leur carrière, mais on avait bien hâte de voir comment leurs univers respectifs allaient se fusionner. Si on devait le résumer en un mot, ce serait : émotion. La musique est signée Catherine Major, de même que les arrangements et la réalisation. De son côté, Moran signe les textes, abordant des thèmes universels comme la famille, L’amour et le passage du temps. Ça paraît excessivement simple sur papier et pourtant, la magie opère à plusieurs reprises.
L’album ouvre avec La coda, donnant un puissant avant-goût du projet. Les instruments prennent place un après l’autre, puis c’est au tour de la voix profonde de Moran et, après quelques lignes de violons, Catherine Major entre aussi en scène. Et déjà, le mariage de leurs voix est à donner des frissons, accentué par la musique puissante. Solide entrée en matière! Elle est suivie de la meilleure chanson de tout l’album, Sex-symbols. Contrairement à ce à quoi on pourrait s’attendre d’un tel titre, la chanson est d’une magnifique douceur et chargée en émotivité et en sincérité, avec en prime un crescendo musical senti. Juste wow!
Après un début aussi fort, les attentes sont élevées pour la suite. Le début de Le désert nous convainc un peu moins avec les envolées vocales, mais les mélodies réussies qui suivent aident quelque peu à compenser! Mentionnons tout de même la fin, surchargée, limite chaotique, mais qui est assumée pour ajouter de l’intensité au propos. Cela tranche avec la douceur et la simplicité de Comme toi, qui se prend particulièrement bien à ce stade de l’album. Elle est suivie d’une Béatrice sautillante qui reste vite en tête, puis de Papillon, empreinte d’émotions dans l’interprétation, particulièrement de la part de Major.
Mémoire parallèle est une chanson qui commence un peu bizarrement avec une musique minimaliste pour laisser place aux textes de Jeff Moran. Mais si on se rend plus loin on apprécie un build-up musical réussi et plusieurs segments extrêmement efficaces, notamment au niveau des mélodies. La chanson contient même un clin d’œil aux paroles iconiques d’À la claire fontaine. La chanson finit toutefois comme elle a commencé, ce qui rend difficile de pleinement apprécier la proposition! La suivante est intitulée Nunavut, morceau d’une extrême lenteur où on se surprend du nombre de fois que le duo peut mentionner ce territoire canadien, que l’on retrouve normalement très rarement dans des chansons (du moins à notre connaissance!).
Le début de Les canons des maboules laisse place à une certaine lourdeur, avec en prime les 2 chanteurs à l’unisson pour donner du poids à leurs propos. Quelques changements d’énergie essaient de nous amener ailleurs, mais c’est le registre grave des mélodies qui nous reste essentiellement en tête tout au long de la piste. Cela nous mène à la finale, la chanson-titre Bunker à ciel ouvert. Très douces et berçante, cette finale a surtout de particulier de faire chanter les 4 enfants du couple, offrant un très joli moment de sincérité en famille. Le duo ne voulait pas tomber dans le quétaine avec cette proposition et on pense que c’est mission accomplie! Ce n’est absolument pas la chanson la plus flamboyante de l’album, mais elle résume bien cet esprit de communion dans l’amour.
Bien qu’on peut officiellement parler d’un premier album pour Major-Moran, on s’entend pour dire que ça paraît que le duo n’en est pas du tout à son premier rodéo et que les artistes ont généralement bien su tirer le meilleur d’eux-mêmes pour nous livrer un album aussi senti que Bunker à ciel ouvert. On se donne la permission d’espérer que le couple n’hésitera pas à répéter l’expérience dans le futur, pour le bénéfice de nos propres oreilles!
À écouter : La coda, Sex-symbols, Papillon
8,1/10
Par Olivier Dénommée
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