Faux-semblants – Fatrasie

Sorti le 20 mai 2025

Jeune groupe montréalais, Fatrasie vient de faire paraître son premier album, Faux-semblants, présentant en 5 pistes son univers complexe, avec tantôt des pièces instrumentales aux tendances psychédéliques, tantôt des textes engagés socialement, surtout sur le thème du «masque social». Ça donne un album surprenant, qui ne laisse pas indifférent.

Entendons-nous, un album de 37 minutes réparties en seulement 5 pistes nous fait comprendre assez vite qu’on n’est pas dans une musique légère et commerciale, bien au contraire! Plusieurs d’entre elles dépassent justement la barre des 8 minutes, y compris la toute première, Dévoilement, véritablement en montagnes russes, passant d’une introduction atmosphérique à un rock plus agressif. Les 2 dernières minutes reviennent toutefois à quelque chose de beaucoup plus doux, limite solennel. On va même plus loin en recréant la mélodie d’À la claire fontaine aux claviers (ce qui est assumé comme la mention fait partie des crédits de l’album), même si son rythme n’est pas à 100% identique. Notons que la pièce ne contient aucune parole, mais qu’un texte lui est associé sur Bandcamp.

S’ensuit La carte, morceau très entraînant, tout particulièrement au niveau de la basse, dans la première moitié. La musique se fait ensuite plus discrète pour laisser entendre la voix du drummer (et face du gars sur la pochette), Marc-Antoine Grisé, qui récite un bref texte poétique. Mention à la toute dernière ligne, «Tous les chemins mènent vraiment à Drummondville», référence à sa ville natale. On retourne ensuite à l’instrumental le temps de Simulacre, morceau énergique, mais avec une part de chaos bien présente, notamment avec les sons futuristes omniprésents en arrière-plan et à l’approche de la fin.

Le thème de l’album est le plus évident dans À la berge ronde, où Grisé nous raconte une fable, suivie d’une réflexion sur la notion de «masque». La musique, qui sert surtout pour ajouter à l’ambiance, arrive sur le tard, mais continuera encore 2min15 de plus après la fin du texte. Le message est clair et bien amené, mais après l’avoir écouté à quelques reprises, on a ensuite tendance à passer la piste pour passer à la suivante – et dernière. Cougar tigrée est par ailleurs un véritable intrus dans l’opus, pour 3 raisons : ce n’est pas une composition originale des membres principaux de Fatrasie, mais de Danik Labrecque, qu’on entend par ailleurs à la guitare ici; il y a une véritable mélodie vocale, interprétée par Mélissa B. Charbonneau; et la chanson est anormalement lumineuse! C’est excessivement différent du reste de la proposition, mais ça se prend en même temps hyper bien après un album qui peut être dur sur le moral.

Au risque de se répéter, Faux-semblants de Fatrasie n’est pas une écoute légère autant à cause de son sujet que son traitement musical, mais c’est visiblement le but de Marc-Antoine Grisé et sa bande de créer quelque chose d’authentique, qui s’éloigne d’une production léchée et réglée au quart de tour. «Ça gesticule, ça bouille, c’est imparfait, c’est humain, vivant… c’est ça que je voulais», a par ailleurs mentionné le frontman en sortant l’album. Faux-semblants s’adresse avant tout à un public niché, mais plus on l’écoute (ce qu’on a fait pendant 2 jours), et plus on découvre de subtilités à la proposition. Si vous cherchez une musique québécoise plus expérimentale et engagée, vous devriez peut-être y prêter une petite oreille!

L’album est accessible sur Bandcamp.

À écouter : La carte, Cougar tigrée

Par Olivier Dénommée


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