
Sorti en 1995
On l’avait presque oublié, mais Critique de salon avait écrit ce qu’il pensait de la fameuse bande sonore du jeu Donkey Kong Country, paru en 1994. Véritable classique de la musique de jeux, cette bande sonore a été suivie l’année suivante par celle d’un autre classique, Donkey Kong Country 2: Diddy’s Kong Quest, soit la suite mettant en vedette Diddy (bien avant que ce nom ne devienne toxique…) et Dixie Kong. Ici, il faut dire que le compositeur David Wise s’est surpassé.
La bande sonore se concentre entre 29 pistes en environ 57 minutes. Les pièces sont bien souvent ludiques et percussives, avec des thématiques généralement liés aux lieux explorés dans l’aventure. Comme il s’agit d’une sortie qui a 30 ans cette année (voilà qui ne nous rajeunit pas!), la nostalgie opère instantanément pour quiconque a grandi avec ce jeu.
On commence avec le côté épique de K. Rool Returns, le thème du méchant du jeu, suivi de Welcome to Crocodile Isle, musique dosant parfaitement le danger qui guette les héros et le mystère de ce monde à découvrir. C’est aussi une pièce qui jouera très régulièrement, puisqu’on l’entend entre les différents niveaux du jeu.
Premier monde exploré : un bateau pirate. Cela s’entend avec les sons nautiques de Klomp’s Romp. Cela nous amène à formuler notre première critique : les sons d’ambiance auraient très bien pu être ajoutés indépendamment de la piste, plutôt que de les incorporer directement dans celle-ci. Ou, à tout le moins, quelque peu diminuer leur intensité dans le mixage. Malheureusement, on répète ce choix artistiques à plusieurs autres endroits dans la bande sonore, alors dans un souci de concision, on ne le soulignera pas systématiquement. Sinon, reconnaissons que Donkey Kong maîtrise l’art des pièces consacrées aux niveaux aquatiques, et c’est particulièrement vrai dans Lockjaw’s Saga. C’est tendu, épique, et un brin claustrophobe comme composition. Jib Jig propose quant à elle quelque chose de plus folklorique dans son approche, une proposition que l’on apprécie davantage maintenant que l’on a pris de l’âge!
Avec Swanky Swing, on passe soudainement à un plateau de jeu télévisé. Il y a un côté peu subtil à la pièce, mais cela fait partie de sa magie! Snakey Chantey se démarque quant à elle par son énergie contagieuse. On passe ensuite au mystérieux Bayou Boogie, bien que dans notre souvenir cette partie du jeu n’arrive que bien plus tard! School House Harmony, le thème de Wrinkly Kong, sonne exactement comme on s’imaginerait une rentrée scolaire en 1995. On apprécie davantage le côté très aérien de Forest Interlude, une ambiance toujours très réussie. S’ensuit Funky the Main Monkey, musique qui porte bien son nom. La tendue Flight of the Zinger frappe toutefois beaucoup plus fort. Des pièces associées aux membres de la famille Kong, notre préférée est possiblement Cranky’s Conga, ludique à souhait, mais qui risque de nous rester en tête longtemps après l’avoir entendue!
On passe maintenant à la section volcanique du jeu, à commencer par Hot-Head Bop. La musique de celle-ci est groovy, mais Run, Rambi! Run! est beaucoup plus intense, voire presque trop! Et dans le cadre de l’album, elle coupe très sec pour arriver à sa conclusion plus légère. La suivante, Token Tango, fait aussi à peu près la même chose, avec 2 versions d’un défi, un échoué, l’autre réussi à la fin. Elle est suivie d’un autre morceau planant, un autre petit chef-d’œuvre intitulé Stickerbush Symphony.
S’ensuit un autre morceau intense et stressant se terminant subitement (Bad Bird Rag), et on passe à l’univers de la fête foraine (pourquoi pas?) avec Disco Train. Une fois de plus, on remarque beaucoup les effets ajoutés à la pièce, qui ressemblent vaguement à des cris de personnes dans des manèges. On s’y habitue, mais c’est évidemment un ajout qui ne nous convainc pas. Boss Bossanova vaut le détour pour son nom seulement, mais musicalement ce n’est pas la plus puissante du lot, bien qu’elle se défende assez bien.
On apprécie comme toujours la légèreté de Steel Drum Rhumba, tranchant avec le sérieux des arrangements de Krook’s March. À peu près dans le même thème, on a droit à Klubba’s Reveille, montrant que ce personnage est beaucoup moins amical que les autres qu’on rencontre dans l’aventure! L’intensité se poursuit encore sur Haunted Chase.
On s’adoucit toutefois dans In a Snow-Bound Land, nous invitant de nouveau dans une ambiance planante et cristalline. Cela ne dure pas et on revient aussitôt à l’intense Lost World Anthem. De son côté, Primal Rave semble nous rappeler la musique du premier Donkey Kong Country, avec sa musique tirée tout droit de la jungle.Elle nous mène déjà à la pièce du dernier boss, Crocodile Cacophony, aux refrains redoutables. Ce n’est pas au même niveau que les classiques parmi les classiques, livrant un point final puissant, mais ça reste solide. Enfin, l’album se conclut sur Donkey Kong Rescued, faisant sentir une dernière fois le chemin parcouru au fil de l’aventure. Comme il s’agit d’une sortie du milieu des années 90, une triste mode existe toujours : celle d’inclure des tounes cachées! Dans ce cas-ci, on parlerait de 26 petites pièces cachées à la fin, pour la plupart ses morceaux sans grande histoire, mais qui existent dans le jeu, se méritant une place, aussi discrète soit-elle, dans la bande sonore.
Si on avait adoré la bande sonore du premier Donkey Kong Country, c’est celle-ci du second volet qui nous frappe encore plus. Dans le jeu, cette musique vise parfaitement la cible dans la grande majorité des cas et le seul défaut qu’on a bien pu leur trouver est d’inclure des sons intrusifs. Même en dehors de ce contexte, le facteur nostalgie compte pour beaucoup. On imagine que quelqu’un qui n’aurait pas grandi avec ce jeu ne réagirait pas de la même façon que nous en écoutant les pistes, mais on ose croire que quiconque s’y connaît un peu en musique de jeux a fait un travail plus que fabuleux, qui mérite une bonne écoute pour se laisser immerger dans cet univers.
À écouter : Lockjaw’s Saga, Hot-Head Bop, Stickerbush Symphony
8,9/10 (dans le jeu) // 8,0 (hors contexte)
Par Olivier Dénommée
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