Desjardins – Artistes variés

Sorti le 28 avril 2017

Richard Desjardins est l’une de ces figures de proues de la scène musicale québécoise dont la poésie touche droit au cœur, autant que sa musique d’une beauté simple et évocatrice. Sous l’étiquette de 117 Records, quatorze artistes ont été judicieusement sélectionnés pour réinterpréter les pièces maîtresses de l’œuvre de Desjardins. Un magnifique hommage rendu à l’un de nos plus grands.

C’est le groupe Avec pas d’casque qui reprend la jolie ballade country Au pays des calottes en ouverture d’album. On garde toute la simplicité de la chanson, sans la modifier outre mesure. Quelques ajouts texturaux ici et là suffisent pour redorer le morceau. On nous frappe en plein cœur juste après avec Va-t’en pas, magnifiquement reprise par Safia Nolin. Fidèle à elle-même, Safia y va d’une interprétation toute en douceur accompagnée seulement d’une guitare. La voix de la chanteuse est tellement sincère, elle était la personne idéale pour reprendre cette magnifique pièce. Bernard Adamus suit juste après avec Les Mammifères, que l’on tâchera d’oublier du mieux qu’on peut.

Passons à Y va toujours y avoir, chantée ici par Philippe B. Dans une version un peu plus lente et introspective tout à fait propre à l’interprète, on intègre une ligne de violon qui ajoute une belle dimension à cette idée d’une atmosphère plus émotive. Elle est suivie par la très connue Tu m’aimes-tu? complètement revisitée par Fred Fortin qui lui donne des accents country beaucoup moins lyrique que dans sa version originale. L’ayant surtout entendue chantée par un autre Fortin (Marc-André) qui lui donne tellement d’élégance, cette reprise manque de lyrisme et de rigueur par endroits. Oui, on entre vraiment dans l’univers de Fred Fortin, mais la chanson est un peu trop dénaturée au niveau des intentions.

Les tounes de party sont aussi de la partie. On retrouve donc Le bon gars repris par Matiu dans une reprise fidèle à l’originale, si ce n’est de l’ajout des nombreux instruments d’accompagnement qui enrichissent le tout dans un rythme endiablé. On fait appel au rappeur par excellence du Québec, Koriass, pour reprendre M’as mettre un homme là-d’ssus. Le rappeur y est tellement génial qu’on aime presque plus sa version que l’originale. Qui d’autre que le jeune Émile Bilodeau pour crier à pleine voix le monument de la chanson québécoise Le chant du bum? Attention : vous allez sûrement avoir envie de la mettre sur repeat sans arrêt. On croirait qu’il s’agit d’une de ses propres compositions tellement ça lui va!

On a également droit à notre lot de ballades romantiques, notamment avec L’engeôlière par Les Sœurs Boulay qui, tout en délicatesse, imprègnent nos oreilles de leurs voix en parfaite symbiose. Juste après, c’est Yann Perreault qui prend place pour Dans ses yeux qui est un brin plus bluesy. Il reste intègre et sans éclats dans cette reprise assez convaincante. Deux pistes plus loin, on retrouve celle qui est considérée comme l’une des plus belles chansons d’amour de notre époque, Jenny. On est surpris de voir que c’est Keith Kouna qui est choisi pour reprendre la fameuse pièce, mais dès la première écoute, on comprend. Sa voix et ses intentions sont tellement comparables à celles de Richard Desjardins, on a l’impression d’écouter un jeune Desjardins chanter sa chanson. C’est le genre de reprise qui est non pas belle parce qu’elle a été réinventée, mais plutôt parce qu’on la retrouve comme on l’a toujours aimé.  Quand j’aime une fois j’aime pour toujours fait également partie de la liste et Saratoga la reprend magistralement, lui donnant des allures beaucoup moins «pop quétaine» que ce à quoi on est habitués. Klô Pelgag et Philippe Brach nous gâtent en fermeture d’album avec l’un des chefs-d’œuvre de Desjardins, Les Yankees, dans une version modernisée réussie. Mis à part quelques problème rythmiques dans la partie de Pelgag, ce duo est impeccable du début à la fin.

En moins d’une heure, on fait une rétrospection assez globale de l’œuvre de Richard Desjardins. Chaque artiste dans son interprétation rend un hommage senti à l’auteur-compositeur-interprète qui (espérons-le) ressentira lui aussi cette vague d’amour et de respect envers son travail passionné.

À écouter : Va-t’en pas, M’as mettre un homme là-d’ssus, Les Yankees

8,4/10

Par Audrey-Anne Asselin


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