Bataclan! – Denis Plante, Mathieu Lussier et Catherine Perrin

Sorti le 24 février 2009

La rencontre musicale de Denis Plante, de Mathieu Lussier et de Catherine Perrin est décrite comme «aussi improbable que surprenante». Avec raison : on n’entend pas particulièrement parler des trios bandonéon/basson/clavecin. Cet étrange projet musical, mélangeant des sonorités sud-américaines (dont le tango si cher à Denis Plante) à des influences plus classiques (clavecin oblige) a un quelque chose de bien intriguant.

Au menu, beaucoup de compositions originales, mais aussi des reprises réarrangées pour cette formation peu conventionnelle. La pièce en ouverture en est d’ailleurs une d’Astor Piazzolla, Libertango. Le clavecin de Catherine Perrin instaure un certain stress au début, mais le basson de Mathieu Lussier apporte une rondeur à l’ensemble, pour mieux laisser la place aux mélodies principales à Denis Plante. C’est, assez généralement, la formule qui sera préconisée à travers l’album. Plus douce, Bassango laisse plus de place à la tendresse. Ce sont les deux grandes directions que l’on entendra à travers l’opus.

Côté douceur, on a droit à Milonga Boréale (quoiqu’un peu endormante), à la langoureuse El sello Ferrio, à Adiós Nonino (de Piazzolla), à Fantaisie, à la rêveuse Fatum et à Melodia sentimentale (de Villa-Lobos). Alors que la facette plus énergique est représentée par Carnaval,  par Tonada, par Tristessa del doble A (Piazzolla), de Milonga del Mate, de Choro et de Violentango (Piazzolla encore). La finale est une pièce de Eduardo Falu, Zamba : un morceau sautillant aux sonorités folk, transformé à la sauce classique.

Notons l’intrus La forêt des mal-aimés… Oui, la chanson de Pierre Lapointe, reprise en tango! C’était une idée audacieuse de mettre un nom connu du grand public pour attiser la curiosité envers le projet, mais la version ne rend ni pleinement justice à l’originale, ni ne se démarque parmi les autres pistes de Bataclan!. Bien essayé! Mention également à Tango a los Nisenson, qui n’est pas sans rappeler vaguement le succès de Aznavour For me formidable. Les similitudes en viennent à nous déconcentrer lorsqu’on les entend.

Le disque dure tout près d’une heure, mettant de l’avant pas moins de 17 pistes. La plupart des pièces douces se trouvent en première moitié d’album, alors que les pièces rythmées se trouvent plutôt vers la fin. Cela coïncide avec le besoin que l’auditeur ressent d’entendre autre chose, alors que la formation, aussi originale soit-elle, n’offre que très peu de possibilités en termes d’arrangements. Finalement, cela ne suffit pas pour éviter une certaine lassitude : on apprécie l’audace du projet Bataclan!, mais on ne l’écoutera pas en boucle si on ne souhaite pas se saturer au bout de quelques écoutes. Reste que ça mérite une oreille, ne serait-ce que pour découvrir le génie commun de ces musiciens.

À écouter : Libertango, Bassango, Melodia sentimentale

7,6/10

Par Olivier Dénommée


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