
Sorti le 10 novembre 2023
Plus tôt cet automne, Simon Leoza lançait déjà un EP pour donner un premier avant-goût d’un album complet à paraître au printemps 2024, mais cela ne lui aura pris qu’un mois et demi avant d’en proposer un deuxième. Ainsi, nous avons cette fois droit à Acte III, Scène II. Après un précédent EP bref mais très chargé au niveau des différentes énergies abordées, celui-ci frappe particulièrement fort avec trois nouvelles pièces envoûtantes qui s’écoutent en boucle.
Rappelons qu’on avait certaines réserves par rapport à ce qu’on entendait dans Acte III, Scène I, qui prenait un peu ses distances du son qu’on connaissait et aimait des différents projets du pianiste et compositeur Simon Piché-Castonguay. Il surprend encore cette fois, mais d’une autre façon : sa musique cinématographique aux tendances orchestrales incorpore maintenant des paroles! Et c’est fait avec une rare efficacité alors que le musicien nous «plonge au cœur de l’essence de l’existence humaine» avec ses nouvelles compositions.
*astronomie* ouvre le bref opus d’un peu moins de 13 minutes. Inspirée d’un poème de Sarah Williams (The Old Astronomer, remontant à 1868!), la pièce en canon laisse place à une voix synthétique dont on ne saisit pas très bien la plupart des paroles, mais qui semble vouloir nous dire quelque chose, ce qui a presque un effet encore plus fort alors qu’un des thèmes du poème est la peur de la mort et le vide qu’on laisse derrière. Malgré eux, les mots se perdent alors que les différentes mélodies s’entremêlent et que la musique gagne en intensité. Pour une chanson sans chanteur, c’est franchement efficace.
La suivante, EVA, inclut cette fois une vraie chanteuse, l i l a, artiste qui nous était inconnue avant d’écouter la chanson. Elle a une voix qui n’est pas sans rappeler celle de Helena Deland, mais avec un côté éthéré et planant, pas si loin de l’énergie de Margaux Sauvé (Ghostly Kisses). Elle rend bien justice aux paroles parfois chaotiques et à la mélodie. Ajoutons un build-up menant à de puissants arrangements cinématographiques et on a ici un vrai petit bijou. On a soudainement envie d’entendre beaucoup plus de musique vocale signée par Simon Leoza.
La troisième et dernière piste du EP, _terra_firma_, revient toutefois à une formule purement instrumentale, mais pas moins inspirée. La lenteur extrême du début de la pièce laisse place à une lourdeur quelque peu angoissante. Si on entend cette pièce dans un film, on sait que quelque chose d’important s’en vient. Heureusement, la dernière minute laisse place à de très belles lignes de cordes, laissant place à une certaine émotion un peu plus rassurante. C’est d’ailleurs sur ces lignes que Acte III, Scène II se termine.
On se surprend chaque fois qu’un opus aussi court peut susciter autant d’émotions, mais celui-ci est aisément dans les plus efficaces que l’on a entendus depuis longtemps. Cela ne peut que mousser notre anticipation de voir le big picture, le vrai album que Simon Leoza doit enfin nous livrer en 2024, même s’il nous semble dur d’imaginer qu’il peut aller encore plus loin que ce qu’il vient de faire ici. Vraiment, chapeau.
Il est possible d’écouter cet EP sur la page Bandcamp de l’artiste.
À écouter : EVA
8,9/10
Par Olivier Dénommée
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