Sorti le 25 août 2023

Noé Talbot est un des nombreux projets du musicien Benjamin Piette, punk dans l’âme qui se laisse baigner dans différents styles. Ici, il laisse aller son côté plus acoustique, où les textes réfléchis occupent une place importante. C’est particulièrement vrai dans le EP Avant qu’on se déteste, consacré à des «relations qui ne fonctionnent pas, mais qui sont encore remplies d’amour», une position intéressante qui fait changement des breakup songs traditionnelles.

Malgré sa catégorisation de EP, l’opus comporte 7 chansons, soit 5 issues de la session d’enregistrement de son précédent album, Remercier les accidents (2021), et 2 composées depuis. Vu le thème récurrent d’une chanson à l’autre, on peut parler d’un EP concept, qui assume pleinement cette énergie au fil des 24 minutes du micro-album.

Le dosage est vraiment réussi entre une musique folk-pop et les paroles souvent poignantes de Noé Talbot. La première de l’album, Sauver les meubles, met bien la table avec des mots tels que : «J’ai même pas pu sauver les meubles / Parce que t’es partie avec / J’ai même pas pu sauver la face / Cachée de mon orgueil / Dis-moi comment faire le deuil / De ton visage qui s’efface». L’ensemble de la chanson est aussi, sinon plus imagée encore.

Résonner avec moi aborde quant à elle les relations où les deux personnes ne sont pas au même endroit en même temps, avec des mots que l’on a rarement entendus. On doit mentionner que la musique poignante ajoute beaucoup à cet effet réussi. Secrétaire de ma vie aborde la question de la santé mentale, avec des textes très chargés, faisant perdre un peu le fil par moments, mais le refrain ne perd toutefois rien en efficacité.

Sur des airs plus country presque joyeux qui surprennent vu les propos, Avant qu’on se blesse utilise les mots justes pour décrire la fin d’une relation. Le monde se porterait mieux si toutes les relations se terminaient de la même façon que cette chanson. Commentaires similaires pour les textes de Mauvais timing, en grande partie très efficaces, si on oublie un segment vers la fin qui semble avoir été écrit plus maladroitement pour allonger la chanson qui n’aurait effectivement duré que 1min40 environ. C’est heureusement le seul passage dans tout le EP où les paroles sont mal ficelées.

Le présent me manque déjà s’approche musicalement d’une chanson déprimante avec tous les ingrédients nécessaires : une musique lente, une mélodie larmoyante et des textes qui correspondent parfaitement à cette énergie. Le EP se termine ensuite avec Les détails, la plus longue du disque, décrivant avec efficacité le sentiment de se laisser, sur des airs folk. On traverse dans la chanson une gamme d’émotions, mais mention spéciale à la ligne finale de la chanson et donc du EP : «Y faut plus que l’amour pour que l’amour marche». Que dire de plus?

Heureusement pour nous, l’écoute de ce mini-album n’arrive pas dans une période où on traversait les émotions qui y étaient transmises, mais simplement d’y penser nous donne des frissons. Avant qu’on se déteste est un EP solide qui touches beaucoup de cordes sensibles, surtout pour ceux qui sont se sentiront concernés par les propos. Chapeau et merci à Noé Talbot pour avoir enregistré une série de chansons aussi fortes et vraies que celles-ci, avec des mots aussi réfléchis que ceux-ci.

Il est possible d’écouter cette musique sur la page Bandcamp de Noé Talbot.

À écouter: Résonner avec moi, Avant qu’on se blesse

8,0/10

Par Olivier Dénommée