Morceaux – Bourbon

Sorti le 1er mars 2024

Bourbon est le pseudonyme de l’auteur-compositeur-interprète David Bourbonnais, musicien de folk qui aime flirter avec différentes influences. Il a tout récemment lancé un premier album, simplement intitulé Morceaux, qui nous plonge dans son univers très éclaté.

Disons-le d’entrée de jeu, mais ça ne sonne pas du tout comme un premier album. Il y a quelque chose de mature dans la musique que propose Bourbon, avec des compositions réussies, mais surtout des arrangements riches rendus possibles grâce à de nombreux collaborateurs et amis qui ont embarqué dans le projet. On ne connaît pas personnellement David Bourbonnais, mais on le devine bien entouré!

Frisée sert de douce introduction à l’album. La guitare folk et vite rejointe par une mélodie fredonnée par le chanteur, puis quelques vents qui nous laissent entendre qu’on aura droit à quelques moments épiques un peu plus tard. C’est donc avec Oreiller que l’album démarre vraiment, avec une musique plutôt douce et introspective en première moitié, puis quelque chose de plus chargé et lourd en seconde. Mélodiquement et vocalement, Bourbon a un petit côté qui n’est pas sans rappeler le style de Philippe Brach, en légèrement moins flyé. Et c’est loin d’être désagréable!

Boucane assume le côté plus rock et blues (notamment avec l’harmonica qui est bien en valeur ici) de l’artiste, où il se défend aussi bien qu’avec un folk léger. Plus simple, mais d’une efficacité décuplée, Darvaza reste instantanément en tête. L’énergie contagieuse et les refrains explosifs valent largement le détour. Seul bémol, on aurait à sa place simplement arrêté sa chanson après 3 minutes, au lieu d’ajouter une finale d’une vingtaine de secondes en mode lent, une énergie qui était autrement complètement absente de la chanson. On a déjà mentionné Philippe Brach plus haut… mais il faut dire que P’tit train (note : c’est la seule chanson de tout l’album de plus d’un mot!) aurait parfaitement pu être écrite et chantée par Brach et on ne ferait même pas la différence! Si on le voit comme un exercice de style, on peut dire que c’est réussi.

S’ensuit la chanson-titre Morceaux, où le chanteur s’amuse avec une musique à la fois douce et pleine de petites tensions, comme pour annoncer une tempête à venir. La dernière minute et demie laisse place à un ennivrant build-up et on avoue qu’on en aurait demandé plus! La suivante, Catcher, commence toutefois en force, comme si elle voulait conclure ce que Morceaux avait commencé, mais avec des percussions cette fois. La chanson développe vite sa propre identité et joue habilement avec les différentes énergies, dont plusieurs très réussies. On avait quelques petites réserves au début pour la baisse de régime au milieu de la chanson, mais cela constribue en fait à donner l’élan nécessaire pour finir la piste avec encore plus de force. Finalement, ce sont les 30 dernières secondes qui sont de trop, ralentissant à nouveau pour la fin de la chanson alors qu’on aurait pu conclure sur une note plus forte.

On a ensuite droit à l’interlude (Bourbon fait vraiment des économies dans ses titres!), puis à la longue Mort, qui commence sur une note un peu sombre, mais qui prend de l’expansion à plusieurs reprises au fil de la piste, montrant les petites influences plus progressives de l’artiste. Même si elle fait 5min43, elle contient pas vraiment de longueur, ce qui est un très bon coup.

Aline nous ramène un peu au début de l’album avec un morceau enlevant avec de la guitares et des voix (mais sans les vents cette fois), pour mieux nous ramener à une autre chanson qui nous est familière : Darvaza II, une version beaucoup plus lente que Darvaza, avec des paroles différentes, mais dans la même lignée. Malgré une montée plutôt réussie, cette chanson restera dans l’ombre de l’autre. L’album se conclut avec Yukon, chanson où le son delta blues de Bourbon se fait le plus entendre. C’est sympathique, mais elle n’arrive pas à se tailler une place parmi les incontournables de l’album!

On se surprend de constater que l’album Morceaux ne dure que 37 minutes tellement Bourbon nous fait voyager dans différentes énergies au fil de l’écoute. Mis à part quelques passages qu’on a soulignés ici, l’album va aussi à l’essentiel et évite les longueurs. En généal, on n’est pas un fan de trop de pièces courtes, mais c’est plutôt bien fait ici et ça tue pas le momentum quand on les écoute. Le risque principal qu’on peut noter pour l’avenir est ses quelques similitudes avec Philippe Brach, ce qui peut vite être à double tranchant. L’idéal pour David Bourbonnais de choisir soigneusement la direction qu’il a l’intention de prendre pour le futur. Mais ce premier album nous permet de croire qu’il a du potentiel dans plus d’un registre.

Il est possible de découvrir cet album sur la page Bandcamp de l’artiste.

À écouter : Boucane, Darvaza, Mort

7,8/10

Par Olivier Dénommée


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