Sorti le 22 novembre 2024

Ces dernières années, le nom d’Andy St-Louis devient de plus en plus connu, elle qui se démarque avec ses chansons souvent spontanées et très humoristiques, présentées sur différentes plateformes numériques. Récemment, elle a fait découvrir différents changements de style d’une chanson à l’autre, qui étaient des coups de marketing pour en arriver à son EP Nouvelles chansons. On s’est donc rendu jusqu’où bout du concept et on l’a écouté.

Rappelons qu’elle a commencé à nous apprendre qu’elle était au fond une artiste country, avant de changer aussitôt de registre dans la suivante, nous faisant nous demander après combien de changements elle arriverait au bout du concept. Réponse courte : 4, mais c’est déjà un bon aperçu de tout son range, elle qui s’est surtout fait connaître pour une pop légère au fil de sa carrière.

Introduction met bien la table au concept, avec une brève piste émotive mais remplie d’autodérision, nous amenant naturellement à Nouvelle chanson, où s’ajoutent notamment le violon et le banjo pour une ambiance country assumée, mais où on reconnaît bien la signature d’Andy St-Louis. Fidèle à elle-même, elle multiplie aussi les références au genre, dont Johnny Cash et Dolly Parton. Notons le seul featuring du EP, la multi-instrumentiste Jo Cleary qui y ajoute son talent.

On passe ensuite au hard rock le temps de Nouvelle chanson (Là c’est vrai). Dommage qu’elle passe dans ce registre de façon ironique seulement, car elle elle se défend très bien, surtout lorsqu’elle ajoute de brefs riffs rappelant des classiques du genre. L’approche «Renaissance» de Nouvelle chanson (Non non là c’est vraiment la bonne) est toutefois beaucoup plus poussée, mais montre jusqu’où St-Louis est capable d’aller dans son concept. Il serait tout de même dommage de passer sous silence son petit clin d’œil à l’aria de la Reine de la nuit, que tout le monde a certainement déjà entendu au moins une fois s’ils ont déjà écouté un peu de classique.

On doit toutefois mentionner que thématiquement, on reste dans le même registre, alors qu’elle mentionne chaque fois qu’elle change de style pour plaire à son gérant et espérer faire un peu d’argent avec ça. C’est quand même intéressant de voir qu’elle devient elle-même tannée de répéter le même discours d’une piste à l’autre, qui sont par ailleurs plus courtes les unes que les autres. C’est comme si on vivait en même temps qu’elle sa transition vers ce qu’elle veut véritablement devenir comme artiste.

À quoi cela mène-t-il? À Nouvelle chanson (chapitre final), qui clôt le tout avec toute la flamboyance qu’on lui connaît, elle qui se gâte au niveau des arrangements (et des solos, culminant avec quelques lignes de «piano-chat» (ça vaut le détour)). Cela va ainsi rassurer son public : elle ne va pas véritablement changer son registre qui lui a souri jusqu’à présent, mais cela lui a permis de peut-être se faire découvrir par davantage d’oreilles ces derniers mois, ce qui est certainement son premier objectif ici.

D’un point de vue marketing, c’est du solide. Andy St-Louis sait faire jaser autrement que par des scandales, ce qui n’est pas peu dire dans l’univers artistique québécois, et montre en même temps l’étendue de son talent et de son registre qu’elle n’explore habituellement pas (du moins pas autant que ça). Ceci étant dit, on n’a ici qu’un EP de 9 minutes, ce qui passe très, très vite, et qui devient aussi très vite répétitif lorsqu’on répète sensiblement les mêmes textes d’une toune à l’autre! Cela fait évidemment partie du concept, mais cela veut donc dire que même si on adore les chansons, on risque de ne pas les écouter en boucle très souvent! Est-ce que cette sortie est un prélude à quelque chose de plus complet à venir prochainement? On le souhaite, en tout cas, car Nouvelles chansons nous ouvre l’appétit plus qu’il ne nous rassasie.

À écouter : Nouvelle chanson (Là c’est vrai), Nouvelle chanson (chapitre final)

7,7/10

Par Olivier Dénommée