2017 : top 5 d’Olivier

Par Olivier Dénommée

Après calcul, j’ai rédigé 131 critiques portant sur des albums parus en 2017. Les derniers jours ont essentiellement été consacrés aux gros albums adulés de l’année, histoire de m’assurer de ne pas être passé tout droit. De façon surprenante, presque aucune de ces sorties prisées ne méritent de place dans mon top personnel. Voici, après de longues journées de réflexion, mon sommet 2017 :

5) Le démon normal – Oktoplut

N’étant pas particulièrement fan de la musique passé d’Oktoplut, force est d’admettre que Le démon normal a été comme une révélation pour mes oreilles. Un album puissant, lourd à souhait, mais assez bien dosé pour donner envie d’en entendre plus. Au final, on a droit ici à un des meilleurs albums rock de l’année du côté québécois. Et ce, sans jamais entrer dans des normes.

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4) Pleasure – Feist

Parlant de ne pas entrer dans les normes, Leslie Feist en est la reine. Son album Pleasure était grandement attendu en 2017, et même s’il n’était volontairement pas toujours facile à écouter, il n’a franchement pas déçu et est resté en tête pendant de long mois. On a beau chercher des mauvaises chansons, on n’y arrive pas. Vraiment, cet album contient des compositions fortes, parfois déstabilisantes, mais toujours très intelligentes.

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3) Comme une odeur de déclin – Maude Audet

Est-ce que Maude Audet aurait pu faire un meilleur album que ce qu’elle a fait si elle avait décidé de faire «comme tout le monde»? Franchement, on ne le sait pas trop! Des compositions simples mais drôlement bien appuyées, et un féminisme discret mais d’autant plus évocateur, c’est exactement ce dont la musique québécoise avait besoin cette année. Au-delà d’être un des meilleurs albums de l’année, on souhaite sincèrement que Comme une odeur de déclin aura été un tournant dans l’histoire artistique québécoise.

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2) Landing – Beyries

Énorme crush pour ce premier album d’Amélie Beyries depuis sa sortie l’hiver dernier. La principale force des compositions repose dans sa simplicité. Alors que certains excellents artistes stimulent notre intellect, Beyries touche directement nos émotions, parce que c’est vraiment avec son âme qu’elle écrit. Elle arrive même à toucher un public hostile au country, faut le faire! La critique complète ici.

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1) A Crow Looked at Me – Mount Eerie

À la première écoute de cet album, ça a été loin d’être concluant : le chanteur ne chante pas vraiment, et ne joue pas particulièrement de musique non plus. En plus, toutes les pistes se ressemblent sensiblement avec des accords répétés et une voix dépressive. Comment s’est opéré le changement d’idée? En écoutant les paroles. C’est là que 100% de l’énergie a été mise. Phil Elverum pleure ici la mort de sa femme, écrivant et enregistrant ses chansons quelques semaines seulement après son départ. Peu d’albums, dans l’histoire entière de la musique, ont atteint un tel niveau d’intimité. C’est franchement à donner des frissons. La critique complète ici.

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Mentions spéciales

Comme je l’ai fait les dernières années, je n’arrive pas à me contenter de cinq albums. Voici ce qui apparaîtrait dans mon «top élargi» sans ordre précis :

  • Mechanics of Dominion – Esmerine : Que dire sur cet album, à part qu’il offre une belle fenêtre pour explorer différentes sonorités et influences, mais aussi diverses émotions? L’opus est introspectif si on a envie qu’il le soit et cinématographique si on a envie qu’il le soit. Cette malléabilité exceptionnelle (peu d’albums m’ont fait vivre des émotions aussi différentes d’une écoute à l’autre) ne devait pas être passée sous silence.
  • Ubiquité – Martin Lizotte : Autre album instrumental très réussi cette année, Ubiquité nous rappelle qu’un simple piano accompagné d’une contrebasse peut offre un album puissant et sacrément inspiré! Si Chilly Gonzales n’était pas né au Québec, j’aurais été jusqu’à dire que Martin Lizotte est notre Chilly Gonzales québécois. Vous comprenez quand même où je veux en venir, n’est-ce pas?
  • About U – Muna : Un des groupes qui réussit le mieux dans la voie électropop en 2017 est certainement le trio Muna. Au-delà du message queer, ce sont surtout les chansons vraiment bien construites et les refrains irrésistibles qui restent en tête. Au fond, c’est aussi ça, être inclusif.
  • Utopia – Serena Ryder : Virage pop réussi pour Serena Ryder cette année, même si elle ne s’est pas complètement détachée de son passé folk. Utopia est un album éclectique où on retrouve à peu près tout ce que l’artiste fait de mieux. Cela fait que presque toutes les chansons de l’album seront opportunes pour différentes occasions. Bonus : la version deluxe de l’album vaut aussi le détour.
  • I Go Missing in My Sleep – Wilsen : J’ai longtemps hésité à l’inclure dans cette liste. Mais à force de les écouter, les lignes vocales éthérées viennent vraiment nous hanter et nous placer dans un état d’esprit bien particulier, sans qu’on s’en rende compte. Il y quelque chose d’attirant dans cette douceur.

Découverte de l’année

Laugh Away the Sun – Harfang : Belle, très belle découverte que j’ai fait en début d’année avec ce groupe de Québec. Le premier long jeu de Harfang laisse entrevoir un avenir prometteur dans son registre quelque part entre électro et folk qui appuie franchement bien la voix particulière de Samuel Wagner. Ce sera un groupe à surveiller de près dans un avenir rapproché.

Conclusion

Où sont les St. Vincent, les Taylor Swift, les SZA, les The War on Drugs, les The National, les Lorde et les Paramore? Et du côté québécois, les Philippe Brach et les Tire le coyote? Ce n’est pas faute d’avoir écouté ces albums, mais aucun n’a fait assez d’effet pour me convaincre qu’ils méritaient une place sur ce top très sélect. Il y a à peu près seulement Kendrick Lamar que je n’ai pas osé écouter cette année, de peur de me faire lyncher publiquement si j’avais un avis qui divergeait de la masse. Peut-être prendrai-je le risque plus tard, qui sait?

Dans tous les cas, souhaitons-nous une bonne année 2018 riche en musique. On la mérite, il me semble! Critique de salon sera aussi présent et ne cessera pas de livrer son opinion honnête, même s’il faut aller contre vents et marées. À très bientôt!


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