
Sorti le 21 novembre 2025
Le nom du guitariste Joseph Marchand circule depuis bien longtemps sur la scène québécoise, mais on l’avait jusqu’à présent surtout connu comme accompagnateur ou membre d’un projet où il n’est pas nécessairement mis le plus de l’avant. Or, avec son album solo Treize miniatures, il prend pas mal plus de place avec ses compositions intimistes à la guitare, en grande partie sans paroles.
Le titre complet, Treize miniatures : compositions originales pour guitare nylon, est très sobre et cette sobriété se reflète excessivement bien dans le côté méditatif de sa proposition musicale. C’est dépouillé (la guitare est évidemment bien au centre, mais quelques autres instruments supplémentaires viennent enrober le tout avec finesse) et ça nous invite assez intuitivement à écouter en fermant les yeux. C’est en tout cas l’effet que ça a sur nous en écoutant les premières pistes, Couleur préférée II et Déjeuner sur l’herbe II. Ne cherchez pas les versions I de ces 2 pistes et profitez simplement de la douceur à laquelle Joseph Marchand vous convie. Couleur préférée II est particulièrement efficace et, même après de nombreuses écoutes, on essaie encore de deviner de quel couleur il s’agit. Quant à Déjeuner sur l’herbe II, la mélodie a un petit quelque chose de familier qui est loin d’être déplaisant.
On se laisse bercer par le début de St-Placide, l’été, elle qui prend un côté plus chargé après la première minute, avant de passer à la trop brève Parc. Comme peut le laisser entendre le titre, il y a un certain nombre de pièces «miniatures», de moins de 2 minutes, qui défileront ainsi trop vite à notre goût! On apprécie toutefois le côté léger mais simultanément presque solennel de 60 rue Maude. Interlude II nous porte ensuite tout doucement vers 2 morceaux relativement courts, Jardin et Au début du soleil. Le premier semble vouloir éclore avec vigueur sans complètement aller au bout de son idée, et l’autre nous dévoile la première piste non instrumentale de l’opus, avec la voix de Marie-Pierre Arthur qui s’ajoute à celle de Marchand. Les voix sont feutrées et assez discrètes pour garder audible la guitare. C’était un possible risque de soudainement impliquer du chant dans un album jusqu’à la moitié entièrement instrumental, mais comme ça a été intégré avec finesse, on salue cet ajout fort réussi.
D’autres chansons suivront, mais avant, on revient à une Audrey instrumentale, toute en simplicité. S’ensuit Kiwi II avec Klô Pelgag à la voix. La chanteuse se fait aussi discrète que possible, mais c’est presque un contre-emploi de sa part alors qu’elle a tendance à vite voler la vedette de par sa voix instantanément reconnaissable. La suivante, Courants, porte très bien son nom alors qu’on imagine un petit cours d’eau qui coule à son rythme. Enfin, les 2 dernières pistes de l’album remettent la voix de l’avant. Je nous veux du bien met celle de Joseph Marchand de l’avant, où il chuchote pratiquement, enveloppé par sa guitare et surtout beaucoup de cordes, donnant un résultat très réussi. La conclusion de l’opus revient toutefois à L’avenir, qui en à peine plus d’une minute fait entendre Safia Nolin et Marie-Pierre Arthur qui semblent en quelque sorte ouvrir la porte pour la suite de cet album. La courteur de la chanson nous laisse tout de même un peu sur notre faim, doit-on avouer!
En général, Treize miniatures remplit parfaitement son mandat de nous livrer une musique agréable, méditative et sans prétention de la part d’un musicien qui a joué pour à peu près tout le monde au Québec. C’est un côté que l’on ignorait personnellement de Joseph Marchand, mais c’est avec plaisir qu’on a pu le découvrir sous ce jour et on espère qu’il poursuivra dans cette voie dans le futur. Si vous avez une petite demi-heure et envie de prendre le temps de respirer un peu, prêtez-y donc une petite oreille, vous pourriez être agréablement surpris de ce que vous y découvrirez!
L’album peut être trouvé sur la page Bandcamp du musicien.
À écouter : Couleur préférée II, 60 rue Maude, Je nous veux du bien
8,1/10
Par Olivier Dénommée
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